Mission improbable

Cette nouvelle a été écrite en 1997 par Diane Piron-Gelman et Robert Cruz. Elle fut publiée dans le supplément Rigger 2 puis mise à disposition sur le site officiel de Shadowrun sous le titre Mission improbable.

L’histoire : Un interfacé est embauché pour récupérer un paquet sur une île des Salish Shides. A priori, il s’agit d’une mission simple. Mais rapidement, le pilote s’aperçoit que ce run lui réserve quelques surprises.

Ça avait commencé par un simple job. (Combien de fois n’avez-vous pas entendu ça dans votre vie !) J’aurais du me méfier ; peu de choses dans ma vie ont été simples, mais il faut s’y attendre quand on est un contrebandier et parfois un runner, cherchant à déjouer les puissants de ce monde. Un Johnson m’avait embauché pour récupérer un paquet sur une île située en territoire Salish, ce qui rendait l’envoi d’une équipe terrestre difficile. Vous voyez le topo : traversées de frontières, contrefaçon de données électroniques et tout ce qui va avec – et mieux valait que le boulot sur les données électroniques soit de qualité au cas où les autorités Salish décideraient d’être tatillonnes avec un intrus des UCAS. Bien entendu, la qualité a un prix. Mais malgré des tarifs élevés, j’étais moins coûteux qu’une équipe de runners. Le Johnson et son créditube pouvaient régler la note, alors j’avais accepté le job. Vol de routine jusqu’à l’île, rapide entrée-sortie, vol retour et livraison du colis – de l’argent facilement gagné, enfin c’est ce que je pensais.

Je pris ma voiture préférée pour me rendre jusqu’à l’endroit où mon hélico était planqué. Cet Airstar est ma fierté, mon jouet – un bon véhicule, vigoureux et robuste, truffé de modifications maison. N’importe quel interfacé, du moins, c’est mon avis, devrait être à moitié mécano – surtout ceux qui comme moi ne peuvent pas toujours compter sur un mécano talentueux et discret quand une mission tourne mal.

Je saluai l’équipe de maintenance, sans prendre le temps de discuter plus longuement. Pas le temps de parler quand une affaire est sur le feu. Ils m’indiquèrent que tous les systèmes de contrôle étaient OK et je n’avais pas besoin d’en entendre plus. Je me dirigeai rapidement jusqu’à l’Airstar pour vérifier que mes armes ne manqueraient pas de munitions, puis je me hissai jusqu’à mon siège dans le poste de pilotage.

Je me connectai à l’interface de l’hélicoptère et à ses commandes virtuelles – jauges et indicateurs de vol se mirent à éclore devant mes yeux. Je fus pris d’un léger vertige le temps que mon cerveau s’ajuste et dissipe le brouillard masquant les écrans qui s’étaient déployés devant moi telles les dizaines de facettes d’un diamant. Les écrans présentaient différentes vues sous plusieurs angles ainsi que des données numériques. A cet instant, l’écran le plus large, clairement positionné au centre, affichait les statuts de l’Airstar tandis qu’il chauffait.

Alors que j’éveillais l’hélicoptère de son sommeil, je pouvais sentir le grondement des turbines Pratt & Whitney dans ma poitrine. La rotation des pales semblait être synchrone avec les pulsations du sang dans mes organes. Je basculai alors en mode de visualisation avancé ; un petit icône clignota dans un coin de l’écran principal, m’indiquant que la porte du hangar était ouverte. J’étais prêt pour le décollage.

Je ramassai mes jambes vers moi. En réponse, les pales en rotation poussèrent un rugissement. Je me redressai et l’hélicoptère s’éleva, lentement mais sûrement, jusqu’à passer le toit grand ouvert. Après m’être élevé plusieurs dizaines de mètres au-dessus du toit du hangar, j’ordonnai à l’hélico de maintenir une position stationnaire tandis que je scannais le sprawl de Seattle loin sous mes pieds. Le faible niveau des émanations thermiques et électromagnétiques en provenance de la ville m’apparut sur un afficheur telle une terne lueur rouge et verte. Je ne remarquai aucune source active de rayonnement, ce qui signifiait que personne n’observait à cet instant.

Je reportai mon attention sur l’écran de navigation. Ma destination y apparaissait sous la forme d’un point rouge, une minuscule île brillant sur le fond bleu et froid de l’océan Pacifique. D’une autre impulsion mentale, je commandai à l’écran d’afficher les positions connues des senseurs de surveillances. Des icônes en forme de radars émettant de petites ondes blanches firent leur apparition.

J’établis rapidement un plan de vol évitant la majorité des points de contrôle, puis j’étirai mes bras au-dessus de moi, tournai mon corps vers le Puget Sound, et ramenai mes bras vers le bas dans cette direction. L’Airstar pivota et prit de la vitesse en se dirigeant vers le reflet brillant de la lune sur le Sound.

Ça allait être une promenade de santé. Aller discrètement jusqu’à la cible, récupérer le paquet et revenir à la maison. Je serais de retour à temps pour l’happy hour au Shack – et cette fois-ci, j’aurais de quoi payer mon ardoise et peut-être même de quoi m’offrir quelques bons moments avec une charmante jeune femme que j’avais repéré ces derniers jours. Ouaips, c’était exactement le genre de job que j’aimais…

Soudain, les alarmes de l’hélico se mirent à hurler. Je tournai la tête et mon afficheur visuel pivota jusqu’à ce qu’une vue de l’arrière occupe l’écran central. Je pu ainsi distinguer deux taches noires se démarquant sur le ciel gris-rose qui précède l’aurore. Le transpondeur de l’Airstar identifia les appareils comme étant deux intercepteurs F-B Eagle du 5ème escadron de l’UCASAF basé à McChord.

Avant même que je n’ai eu le temps d’amorcer un mouvement, de brillantes étincelles thermographiques orangées apparurent sous les ailes des deux intercepteurs et l’alarme d’acquisition de cible se mit à raisonner. Un message d’avertissement apparu rapidement devant mes yeux m’indiquant que les deux intercepteurs avaient verrouillé l’Airstar et lancé deux missiles air-air.

Instinctivement, je cambrai mon corps vers la côte, mouvement qui fit pivoter l’hélicoptère. Simultanément, je commençai à battre des jambes tel un nageur olympique, propulsant l’hélico vers le sol dans un puissant hurlement. Mais ma manœuvre de dégagement ne dupa pas les senseurs de détection de cible des missiles. Les projectiles mortels virèrent et plongèrent à ma poursuite.

Il était temps de passer au plan B et je concentrai mon esprit sur la commande appropriée, faisant ainsi se matérialiser un énorme bouton rouge marqué « PANIC » sous ma main gauche. Je frappai violement le bouton. Des charges explosives stratégiquement disposées le long du fuselage de l’hélico explosèrent, détruisant les attaches qui maintenaient en place la coque externe de l’Airstar. En se détachant, celle-ci révéla une seconde peau dotée d’un revêtement anti-radar.

Je savais que je n’étais pas tiré d’affaire pour autant. Je tournai mon corps vers le sol tel un plongeur, et l’hélicoptère laissa s’échapper cinq petits parachutes alors qu’il plongeait. Des fusées thermiques se balançaient sous deux des parachutes, tandis que des bandes d’aluminium s’étiraient entre les deux autres. Le dernier parachute portait une petite roquette, tout juste assez grosse pour trouer un avion en papier, mais contenant un transpondeur couplé à une fusée pouvant imiter les signatures thermiques et électroniques de l’Airstar. Le revêtement anti-radar masquerait la signature de l’hélico tandis que l’aluminium et les fusées brouilleraient le système d’acquisition de cible des missiles, qui se verrouillerait sur le leurre.

C’est ce que j’espérais.

Trop peu de secondes après avoir poussé le bouton PANIC, je sentis mon corps virtuel se convulser alors que l’hélico était frappé par l’onde de choc de l’explosion des deux missiles. Je fis volte face, afin de faire pointer l’hélico dans la direction de mes deux attaquants – la fenêtre d’acquisition de cible apparue sur l’écran principal. Je sélectionnai deux missiles anti-rayonnement1, puis les larguai dés que le double signal sonore de verrouillage se fit entendre. Les MAR filèrent dans le ciel à la rencontre du puissant signal de mes deux foutus poursuivants tels deux éclairs. Une demi seconde plus tard, l’alarme d’acquisition de cible de l’hélico se tut, m’informant ainsi que les senseurs de visé des F-B Eagle avaient été détruits. (Que Dieu bénisse les MAR. Ils se verrouillent sur les émissions de la cible, donc plus les senseurs de l’adversaire sont puissants, plus les MAR ont de chances de toucher au but. Les systèmes CME des F-B auraient brouillé n’importe laquelle de mes armes si ces types avaient eu le temps de les utiliser. Mais les MAR s’étaient dirigés tout droit vers le signal et m’avaient sauvé la mise.)

Mes deux poursuivants vacillèrent pendant une poignée de secondes lorsque de petites explosions firent irruption devant leur nez, là où se trouvaient leurs senseurs. Les pilotes pivotèrent et me dépassèrent à grande vitesse, mitraillant l’Airstar à l’aide de leurs miniguns. Je continuai de plonger vers le rivage ; je pouvais sentir mes poils se hérisser tandis que je poussais l’Airstar au-delà de ses limites, sa structure se déformant sous les tensions exercées.

Avant qu’ils puissent virer pour faire un second passage, la grille verte des radars Salish apparut sur mon écran. Je venais d’entrer dans l’espace aérien du Salish-Shide – un lieu sûr tout du moins en ce qui concernait mes deux chasseurs. (Mais pas vraiment sûr pour autant…). Les pilotes en herbe abandonnèrent la poursuite, préférant semblait-il ne pas risquer un incident international pour un simple hélicoptère. Au bout de quelques secondes, je laissai échapper un soupir de soulagement. Je n’avais entendu aucun avertissement de la part des contrôleurs aériens Salish, ce qui signifiait qu’ils ne m’avaient pas détecté.

Je fis descendre l’Airstar le plus bas possible jusqu’à frôler la cime des arbres – rien de tel pour éviter les mauvaises rencontres – tandis que la même question tournait en boucle dans ma tête. Pourquoi ces deux abrutis avaient-ils essayé de me descendre sans aucune sommation ? J’avais eu un paquet de confrontations avec des pilotes Salishs ou des UCAS lors de runs, mais jamais ils n’avaient ouvert le feu sans sommations ou sans une quelconque forme de menace. Cette connerie de tirer-d’abord-poser-les-questions-ensuite, c’était un truc de la Lone Star. Pas le genre de choses que des pilotes se font entre-eux, même si eux sont du côté de la loi et moi pas.

Je faisais face au brillant orbe orangé du soleil se levant à l’horizon, et les ombres et l’obscurité qui couvraient le sol se dissipaient progressivement. Malheureusement, ceci ne jeta aucune lumière sur la réponse à ma question. Je décidai d’oublier cette mauvaise rencontre pour le moment, mais je ne pourrais pas fuir éternellement. Tôt ou tard, il faudrait que je me pose, et à ce moment là, ils me trouveraient.

Enfin quoi, quelle importance. Peut-être que j’arriverais à faire ce pour quoi j’étais payé avant que la cavalerie ne débarque.

Je fis atterrir l’Airstar à l’endroit exact où le Johnson me l’avait indiqué, puis sortis mon Ingram et me mis en route pour récupérer le paquet. Je me demandai brièvement ce qu’il pouvait bien contenir – de quoi lancer les justiciers du ciel aux trousses d’un hélico solitaire peut-être ? Comment pouvaient-ils savoir qui j’étais ? – puis renonçai rapidement à ces infructueuses spéculations. Les contrebandiers qui vivent suffisamment longtemps pour dépenser leurs gains apprennent à ne pas poser des questions inutiles.

La silhouette menaçante du pénitencier de l’île McNeil me faisait face. Le complexe était abandonné depuis des années, mais Johnson m’avait averti que des « individus mal intentionnés » étaient susceptibles de surveiller les lieux. La perspective d’une entrée peu orthodoxe ne m’emballait pas franchement. Une fois le point d’entrée atteint, je pris une grande inspiration, me préparai mentalement, et descendis dans les égouts qui me mèneraient jusqu’au cœur du bâtiment.

Après avoir pataugé dans des immondices inidentifiables et puants pendant ce qui me parut des heures, j’arrivai finalement au passage tout juste assez grand pour un homme que je cherchais. Je me tassai contre le mur, me poussai vers le haut, me faufilant à travers l’étroite ouverture, maudissant le manque de place tout au long de l’opération. Puis, m’accroupissant sur la dalle de béton humide du sol située sous une lourde grille, je décidai d’observer les alentours aussi bien que me le permettrait la faible luminosité ambiante.

J’avais atteint un boyau de maintenance situé sous le sol du bâtiment principal. Je pouvais distinguer la forme des câbles électriques et des tubes de la tuyauterie ; l’endroit sentait la rouille et la moisissure. A travers la grille, je distinguais plusieurs turbines gigantesques plongées dans les ténèbres, ce qui signifiait que je devais sûrement me trouver sous la centrale électrique.

J’étais en train de me hisser pour atteindre la grille et la soulever lorsqu’un crissement discret me figea sur place. Puis j’entendis le gémissement caractéristique d’un moteur à combustion dont le volume augmentait progressivement à mesure qu’il se rapprochait de moi. En tordant le cou, j’aperçus tout juste une ombre grondante. Je retirais mes doigts de la grille à l’instant où la chose roula dessus, marquant un arrêt immédiatement au-dessus de ma tête.

Je reconnus un drone de patrouille FMC Sentinel. A peine plus gros qu’une voiture pour enfant, il était équipé de chenilles pour se déplacer sur des terrains accidentés, et possédait une puissance de feu suffisante pour ruiner la carrière de n’importe quel shadowrunner. S’il me détectait, il ruinerait probablement la mienne.

Sans un bruit, je désengageai le chargeur de mon Ingram, et glissai ma main dans la poche de mon sac pour en sortir un chargeur rempli de 30 balles perce blindage en uranium appauvri dotées d’un revêtement en silicone. J’insérai le chargeur aussi silencieusement que je le pu, puis basculai le sélecteur de mode de tir sur AUTO, avant de glisser le canon entre les barreaux de la grille.

Pour la première fois de la nuit, j’étais heureux de m’être faufilé par les égouts. Si j’avais croisé le Sentinel en surface, je n’aurais eu aucune chance de le détruire avant qu’il ne me repère. Mais comme la majorité des drones conçus pour des tâches de sécurité et de surveillance de périmètre, le ventre du Sentinel n’était équipé que d’un blindage léger. Après tout, personne n’avait prévu que le drone aille rouler sur une mine anti-char. L’Ingram cracha plusieurs balles qui traversèrent la fine peau du Sentinel en projetant quelques étincelles. Les courts-circuits provoquaient par les projectiles firent naître de petites flammes et le drone se mit à crépiter et à tressauter. Une forte explosion due à une balle qui s’était égarée jusqu’au réservoir me projeta en arrière. Je m’éloignai précipitamment tandis qu’une pluie de carburant enflammé se déversait dans le boyau.

Dans les minutes qui suivirent, l’endroit se mit à grouiller de drones. Il me fallu balancer le reste de mes précieuses munitions ainsi qu’une grenade thermique avant de trouver un conduit de ventilation où me cacher. Il me fallu ensuite plus de deux heures pour rejoindre le dernier étage en rampant à travers le réseau de ventilation. Emergeant enfin d’un étroit conduit, j’atterri maladroitement dans un vestibule plongé dans l’obscurité. Sur ma droite se trouvait une porte de sécurité dotée d’un clavier électronique directement au-dessus de la poignée. En admettant que malgré toutes mes contorsions dans le réseau de ventilation, j’avais correctement gardé en tête le plan que j’avais mémorisé, le paquet devait se trouver de l’autre côté de cette porte.

J’enclenchai un nouveau chargeur dans l’Ingram avant de le vider dans le verrou et de pousser la porte d’un violent coup de pied. Après avoir rapidement rechargé, j’inspectai la pièce avec précaution. Fut un temps, ça avait été un bureau, semblable à des milliers d’autres bureaux. Un terminal informatique trônait sur un bureau bon marché en plastibois, le tout recouvert d’une épaisse couche de poussière.

Je me dirigeai jusqu’au terminal. Une puce était enfichée dans l’une des fentes prévues à cet effet. J’ouvris le tiroir du bureau – comme je m’y attendais, quelques punaises y étaient disséminées ça et là. J’en pris une, introduisis la pointe dans la fente et commençai à la remuer autour de la puce jusqu’à ce que celle-ci s’éjecte de son support. Paquet récupéré.

C’est non sans peine que je me redressai lorsque les sirènes d’alarmes se mirent à beugler. Un bruit de cavalcade en provenance du couloir m’indiqua qu’il n’y avait pas d’issue possible de ce côté. Rapidement, je me tournai vers l’unique fenêtre du bureau, juste à temps pour voir un fin rideau métallique finir de la bloquer. Le bruit mat de la porte heurtant le mur me fit faire volte face, Ingram levé, pour me retrouver nez-à-nez avec mes nouveaux ennemies – quatre gardes de sécurité en armure siglées d’un logo que je ne connaissais pas. Leurs armes étaient toutes braquées sur moi.

Pendant une poignée de secondes, personne ne fit un mouvement. Puis j’entendis une voix familière en provenance du couloir.

« Merci Messieurs, » s’exclama mon Johnson en entrant dans la pièce. « Vous pouvez baisser vos armes à présent. »

Tandis que les gars de la sécurité obéissaient, le Johnson me lança un magnifique sourire. « Félicitations Roy, » dit-elle. « Vous avez réussi ».

Je relâchai ma prise sur l’Ingram l’espace d’un instant… seulement un instant. « C’était un test ? Juste un test ? »

« J’avais besoin de savoir si vous étiez à la hauteur de votre réputation, » me répondit-elle. « Et il semble que vous le soyez. Vous vous êtes montré plein de ressources. Je ne peux pas me permettre moins – en tout cas, pas pour le boulot auquel je pense. »

« Et la puce ? » La curiosité et la colère m’envahissaient tour à tour. Je décidai que ça ne pouvait pas me faire de mal de laisser gagner la curiosité. « A-t-elle de la valeur ou s’agit-il d’une connerie sans intérêt ? »

« Oh, disons qu’elle a une certaine valeur ». Johnson rit doucement. « Gardez la en guise de paiement pour aujourd’hui, tout du moins, si vous décidez que participer à la vraie mission n’en vaut pas la peine. » Elle me jaugea du regard puis continua. « Cela vous intéresse-t-il d’en savoir plus à ce sujet ? »

« Vous me laisseriez vraiment partir ? Comme ça ? »

« Comme ça oui. J’ai besoin de volontaires Roy, pas seulement de flingues à louer qui pourraient décider de plier bagages lorsque les choses deviennent plus dangereuses que ce qu’ils avaient négocié. De ce que j’ai entendu dire sur vous avant d’organiser cette petite excursion, je dirais que vous pourriez être volontaire – une fois que vous saurez tout. Mais avant cela… » Elle me jaugea à nouveau du regard. « Dites-moi quels sont vos sentiments envers la Fondation Draco. »

Je faillis en lâcher mon Ingram de surprise. « Je ne peux pas dire que j’en ai, dans un sens ou dans l’autre, » Après un moment, je réussis à dire : « Pourquoi ? Vous travaillez pour ou contre elle ? »

« Pour. » A nouveau son rire léger. “Oh, absolument pour. Je vous en apporterai la preuve si vous souhaitez en savoir plus sur le job. Autour d’un dîner. Je vous laisse le choix du restaurant – quoique je doive avouer que ma préférence irait à un Thaï. »

Je rangeai l’Ingram à sa place. « Je connais un endroit dans Tacoma. Roong Petch. C’est un peu décrépi mais ils y servent le meilleur curry en ville. »

« Vous pourrez toujours changer d’avis après le dîner, » dit-elle. « Je vous en dirai assez pour que vous ayez une idée de ce qui vous attend, mais sans que cela vous mette en danger si vous refusez. Comme je vous l’ai dit, j’ai besoin de bien plus que de simples flingues à louer. »

Je fis un mouvement de la tête en direction de la porte. « Nous perdons du temps ma p’tite dame – et je commence à avoir faim. »

Cela la fit sourire – un sourire chaud qui fit briller ses yeux bleus. J’eus le sentiment que je l’avais déjà vu quelque part – et pas seulement dans le cadre de ce boulot– mais je mis ça sur le compte de la paranoïa commune à tous les contrebandiers. En la suivant, elle et ses hommes, hors de la pièce, je me demandai dans quel pétrin je venais de me mettre. Vous connaissez le dicton – ne traitez jamais avec un dragon, ni avec l’employée d’un dragon…

1 (NdT) En anglais : Anti-Radiation Missile (ARM).